29

Nissac et ses compagnons attendirent l’aube en une ferme abandonnée.

Ils auraient dû entrer dans Paris par la Porte Mont Marthe mais la proximité de celle-ci avec leur base de la rue du Bout du Monde risquait, en cas d’incident, de compromettre à jamais la sûreté de leur refuge.

Obliquant vers l’est par rapport à leur axe de marche, le comte préféra risquer le détour par la Porte Saint-Denis.

La neige ne tombait plus, le froid perdait de sa vivacité et le ciel, d’une luminosité métallique, baignait les remparts d’une lumière qui semblait irréelle.

Les quatre gardes et leur officier allèrent au-devant de Nissac qui leur délégua le baron Sébastien de Frontignac.

L’officier, un Frondeur entre deux âges, observa longuement le passeport exécuté la veille par Nicolas Louvet, puis l’homme porta la main à la garde de son épée :

— Monsieur, je ne nie point qu’il s’agisse de fier document et qu’on y reconnaisse la signature de monseigneur le prince de Conti…

Il eut, à l’endroit de ses hommes, signe de connivence puis, d’une voix forte :

— Cependant, monsieur, ce document porte la date d’hier et monseigneur le prince de Conti se trouve depuis trois jours à prendre médecine et n’a point signé un seul passeport, ce qui fut cause d’embarras mais me permet de vous démasquer comme une bande d’espions.

Puis, sortant l’épée et se tournant vers ses hommes :

— Sus aux Mazarins !… Mort aux espions de l’Italien !…

« Mon Dieu, comme cet homme est bavard et cherche grands effets de paroles ! » songea le comte de Nissac mais, entre le premier et le dernier mot de cette phrase, avec une foudroyante rapidité, on le vit sauter de cheval en sortant l’épée et toucher mortellement l’officier à la gorge.

Puis, tandis que ses hommes engageaient les quatre autres Frondeurs, Nissac lâcha avec froideur :

— Ils nous ont vus. Pas de survivants !

L’affaire allait être réglée, faute d’adversaires, dont le dernier expirait sous un coup de Fervac, lorsque monsieur de Bois-Brûlé hurla :

— Il en vient d’autres !

— Les foulards ! Mettez les foulards !… cria le comte, aussitôt obéi par ses hommes, tandis qu’une dizaine de Frondeurs se précipitaient et bientôt, le combat commença, à un contre deux.

Depuis qu’ils se battaient en équipe, Nissac et ses hommes avaient travaillé la méthode et la manière.

Ainsi, le comte et Fervac, les deux plus fines lames, engageaient-ils le combat avec un pas d’avance sur leurs camarades. Touchant tous deux très vite et à tous coups, ils atteignaient le moral de l’adversaire qui voyait deux des siens culbutés en si peu de temps – à peine le temps d’un soupir.

Derrière, venaient les barons de Frontignac et Le Clair de Lafitte, bonnes épées, soldats de métier qui ne cédaient point leur place. Enfin, plus loin encore sur les arrières, on se « débrouillait ».

Ainsi en fut-il cette fois encore.

Nissac et Fervac, par commodité pour leurs amis, engagèrent chacun deux Frondeurs. Deux autres subissaient les assauts des barons.

Nicolas Louvet, adoptant la méthode de Florenty actuellement occupé à Notre-Dame, vidait ses pistolets… – sans toujours atteindre sa cible. Restait monsieur de Bois-Brûlé, le seul qui ait omis d’ajuster son foulard…

Monsieur de Bois-Brûlé, en son for intérieur, pensait qu’un homme n’a pas toujours une rapière à disposition et fût-ce le cas, qu’il ne s’y montre pas nécessairement expert. Il en concluait donc qu’en les situations extrêmes il faut savoir user d’expédients qui allient la ruse à l’intelligence.

Ce qu’il démontra, alors qu’il se trouvait en situation délicate.

Un Frondeur, d’une maigreur extrême et de taille modeste, tenait monsieur de Bois-Brûlé au bout de son épée. Le contraste entre le Frondeur maigrelet et le géant musclé aurait frappé les spectateurs, à supposer qu’il en fût.

Sûr de son fait, le Frondeur avançait, l’épée tendue, et monsieur de Bois-Brûlé reculait, sans pour autant se départir d’un sourire indéfinissable qui perturbait son adversaire.

Enfin, monsieur de Bois-Brûlé s’arrêta, affecta un air de grande résignation et dit d’une voix pathétique :

— Reculer, reculer toujours, est-ce une vie, monsieur, je vous le demande ?

Le Frondeur, surpris qu’on l’interrogeât lui à qui, précisément, nul ne demandait jamais son avis, se sentit flatté et réfléchit longuement au sens de la question avant de répondre :

— Ah non, monsieur. Moi-même, que vous voyez tout à fait exceptionnellement en position si favorable, et cela à ma grande stupeur, apprenez que je recule depuis que je suis enfant.

Monsieur de Bois-Brûlé, l’air pénétré, croisa les bras puis, prenant son menton dans l’une de ses mains puissantes, questionna avec un air de profonde humanité :

— Depuis si longtemps ?

Le Frondeur, ému qu’il se trouvât quelqu’un qui se préoccupât enfin de lui, baissa légèrement son épée.

— Depuis toujours, monsieur ! J’ai reculé devant mon père qui me battait chaque jour, j’ai reculé devant ma femme qui m’inspire grande terreur en me criant dessus de sa voix forte, et à présent, je recule devant mon maître, monsieur le maréchal de La Motte-Haudancourt chez lequel je sers en qualité de laquais mais qui a fait de moi un Frondeur sans me demander ce que je pensais de la chose !

Monsieur de Bois-Brûlé hocha gravement la tête.

— Je vois que pour vous aussi ce monde n’est que douleur !

— Assurément, monsieur le Foulard Rouge.

— Avec cruauté qui n’est point humaine, la souffrance dispute nos pauvres âmes à la peur et à l’ennui.

— Comme c’est vrai, monsieur !

— Voyez-vous, monsieur le Frondeur-malgré-lui, Dieu, en son jardin d’Éden, nous a bien mal placés, du côté de la chaise percée et non point vers le trône.

— Dans une fosse à merde, monsieur le Foulard Rouge, osons le dire !… Osons !…

Monsieur de Bois-Brûlé tapa sur sa poitrine.

— Alors vise au cœur, camarade !

Le Frondeur hésita, baissant encore l’épée :

— Ainsi ?… Tout de go ?…

— Sans cérémonie, ami. J’ai trop vécu déjà, et n’en puis plus.

Le Frondeur secoua la tête.

— C’est que je ne peux point vous tuer, monsieur !… Votre triste condition si proche de la mienne m’inspire grande sympathie et peut-être amitié.

En un bond de tigre, monsieur de Bois-Brûlé fit un pas de côté puis un saut périlleux avant. Désarmant le Frondeur, il le tint au collet, commença à l’étrangler puis soupira en relâchant l’étreinte :

— Le diable m’emporte, je ne peux point vous tuer moi non plus !

Suffoquant à demi, les yeux prêts à sortir des orbites, le Frondeur leva un index pertinent et dit d’une voix chevrotante :

— Vous voyez bien, monsieur, la chose n’est point facile !… Ah, je ne vous envie pas, allez !

— Allez-vous vous taire, à la fin ? gronda monsieur de Bois-Brûlé.

— Quand je serai mort… si vous y parvenez !…

Le maigre Frondeur regarda son vainqueur droit dans les yeux.

— Ne cherchez point, monsieur, nous sommes tous deux hommes de cœur et plutôt du côté des tués que des tueurs. C’est notre gentillesse qui nous vaut si basse condition, que voulez-vous !

Sentant que la situation risquait de lui échapper, monsieur de Bois-Brûlé lança un coup de poing très mesuré au visage du Frondeur-malgré-lui. L’homme s’évanouit aussitôt. Monsieur de Bois-Brûlé l’aida dans sa chute, pour qu’elle ne fût point douloureuse, et sortant un mouchoir, essuya une goutte de sang qui perlait au nez du maigre Frondeur défait tout en maugréant :

— A-t-on idée d’être aussi bon ?

Enfin, levant les yeux, il découvrit le comte et ses compagnons qui, débarrassés de leurs adversaires, l’observaient avec la plus grande attention, ayant tous baissé leurs foulards rouges.

Le comte de Nissac, l’épée fichée devant lui dans la neige et les deux mains reposant sur la poignée comme s’il s’agissait d’une canne, lui lança d’une voix neutre :

— Vous fûtes bien long, monsieur de Bois-Brûlé.

— C’est notre usage, monsieur le comte.

— Je crains de ne vous point comprendre ! rétorqua Nissac en croisant les bras.

— Vous vîtes là palabres des côtes d’Afrique comme les pratiquaient nos ancêtres ! répondit monsieur de Bois-Brûlé en réajustant son foulard rouge.

— Si fait, monsieur de Bois-Brûlé, et je ne nie point la qualité des dites palabres mais leurs circonstances : ce Frondeur nous a retardés en un lieu qui n’est point de grande sûreté.

— Cet homme était bien touchant, monsieur le comte.

Nissac regarda longuement monsieur de Bois-Brûlé, tira son épée fichée en la neige, essuya la lame sur la manche de son habit puis, prenant la bride de son cheval, il jeta un nouveau regard au géant :

— Vous avez raison et j’avais tort, monsieur de Bois-Brûlé. Il était de fait bien touchant ce qui, pour un homme de votre qualité, le rendait… intouchable.

Puis, le comte se mit en selle, imité par ses hommes.

Ils empruntèrent la rue Saint-Denis puis tournèrent à main droite en la rue Saint-Sauveur qui se prolongeait par la rue du Bout du Monde.

Les chevaux allaient au pas dans les rues désertes et enneigées.

Frontignac, placé au côté du comte, observait le ciel avec grande méfiance :

— Je le savais !… Quand les feuilles d’orme tombent avant le temps, on sait qu’il fera grand froid et que mourront beaucoup de chevaux et autres bêtes.

Nissac lui jeta un regard distrait.

— Vous disiez ?

Frontignac toussota.

— Vous savez comme je connais le temps et… N’est-ce pas, au château de Saint-Germain, je fus assez distrait.

Nissac eut une pensée pour la duchesse de Luègue. Comment vivrait-elle, dorénavant ? Et avec qui ?

Il sourit, davantage à ses souvenirs qu’à son vieil ami :

— Distraits, nous le fûmes tous… Mais venez-en au fait, baron.

Frontignac s’anima aussitôt, heureux qu’on le lançât sur un tel sujet, les prévisions du temps, qui le passionnaient presque autant que les vieux remèdes de médecine.

Ses yeux brillèrent.

— Distrait, distrait, certes, monsieur le comte, mais pas au point d’être inattentif le jour de la Saint-Paul.

Nissac, qui songeait à la duchesse, réagit avec retard :

— Ah, nous sommes à la Saint-Paul ? C’est chose étrange, je la croyais passée.

— Mais elle est passée, monsieur le comte. Le vingt-cinquième jour de janvier.

Nissac n’y comprenait plus rien et, sentant l’énervement le gagner, regarda Frontignac droit dans les yeux.

— À la fin, baron, qu’avez-vous donc à me dire ?

Devinant l’impatience du comte, Frontignac se hâta :

— Le 25 janvier, jour de la Saint-Paul, permet de savoir le temps de l’année qui vient.

— Comme c’est curieux ! concéda Nissac, oubliant que son compagnon lui tenait ce discours depuis plusieurs années déjà.

Il en eût cependant fallu bien davantage pour décourager le baron qui reprit :

— Si ce jour-là le temps est beau et clair, nous aurons belles récoltes. Si nous voyons le brouillard, c’est mort de nombreux bétail. Si tombe pluie et neige, c’est année de grande cherté mais si souffle le vent, nous aurons guerres et sédition dans le peuple.

— Je vous entends bien, baron, mais n’ayant souvenance aucune du temps qu’il fit le jour de la Saint-Paul, ni la veille, ni le lendemain, peut-être tiendrai-je enfin de votre bouche, et sur l’instant, précision sur le temps de cette année ?

Frontignac, de sa main gantée, se gratta le nez en convulsions inattendues qui surprirent le comte puis, d’une voix d’outre-tombe, il répondit :

— Ah, quelle journée que ce 25 janvier, monsieur le comte ! Elle commença dans le brouillard mais, lorsqu’il se leva, on vit temps clair et radieux quand bientôt souffla vent violent et que la neige tomba en fin d’après midi.

Nissac tenait Frontignac en haute estime mais pour tout dire, en cet instant, son compagnon l’irritait fort. D’autant que, piqué au jeu par l’insistance de Frontignac, Nissac voulait connaître le fin mot de tout cela.

Aussi dit-il d’une voix sifflante :

— Mais enfin, j’ai tout oublié de ce que vous dîtes à l’instant, vous allez si vite en besogne. Ces choses vous sont certes familières, mais point à moi qui n’en ai guère l’usage. Que disiez-vous donc ? Que le bétail allait devenir séditieux ? Ne pensez-vous pas que les gens de Fronde suffisent à notre malheur sans qu’il soit nécessaire d’y mêler moutons et génisses ?

Frontignac, sentant l’effort de son général, lui adressa un bon regard tout de reconnaissance.

— J’aurais sans doute oublié quelque chose ! Or donc, monsieur le comte, si nous prenons toutes choses en compte, l’année sera de grande opposition : le bétail mourra, ce qui fera grande cherté, hélas, mais bien heureusement, nous aurons très belles récoltes qui, fort malheureusement, seront saccagées par la guerre et les séditions entre le peuple.

Nissac n’écoutait déjà plus, occupé de savoir s’il s’en irait le lendemain trouver madame de Santheuil.

Il neigeait de nouveau.

Il entendit, à son côté, le baron de Frontignac qui poursuivait son discours :

— Au reste, voilà six ans, lors de notre victoire de Rocroi, je vous avais expliqué tout cela qui est en vérité de grande simplicité. Mais il est un début à toute chose pour qui veut progresser en l’art de deviner le temps.

Il réfléchit, oublié du comte.

Soudain, d’un doigt impérieux qui fit sursauter Nissac perdu en ses rêves, Frontignac désigna le ciel d’où l’aube avait chassé la lune :

— Voici un excellent conseil, monsieur le comte, et des plus faciles à suivre !… Regardez la lune la nuit !… Si la lune nouvelle a ses cornes obscures, il pleuvra. Mais si la corne haute du croissant est plus obscure que la basse, il pleuvra au décours. Cependant, si la basse est plus obscure que la haute, il pleuvra aux premiers quartiers.

Incertain, Frontignac demanda :

— Avez-vous compris, monsieur le comte ?

Nissac regarda fixement son compagnon comme on regarde un ami gravement atteint par la maladie puis, d’une voix très douce qui inquiéta fort le baron, il répondit :

— Certainement, Frontignac, certainement.

Néanmoins, il se sentit délivré en apercevant la haute porte de leur refuge du Bout du Monde.

Les foulards rouges
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